Témoignages sur les évolutions du climat et les adaptations
Cette partie de l’observatoire est un recueil de témoignages Trièvois qui décrivent les évolutions du climat dans notre territoire, les changements de pratiques qu’elles entrainent, les inquiétudes et parfois des pratiques d'adaptations ou d'atténuation qui sont déjà mises en œuvre. Ces témoignages ont été recueillis de la mi-juin à la mi-août 2022 par Salomé Faure, stagiaire en charge de la création de l’observatoire. Nous avons souhaité représenter un maximum de secteurs d’activité pouvant être affectés par les bouleversements climatiques mais il en manque évidemment. Ils seront complétés dans les mois à venir. Si vous désirez apporter votre témoignage vous pouvez contacter : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..
Les retranscriptions des entretiens ont été validées par les personnes interviewées et ont été faites à partir de conversations orales et c’est pourquoi certaines formulations sont issues du langage parlé. Vous trouverez ci-dessus les témoignages sous forme d’extraits par thématiques. Si vous souhaitez lire davantage d'extraits, cliquez sur « lire l’entretien ».
Observations
Jérémy Bricka, vigneron, vignes sur les côteaux de Brion (Roissard) et cave à Mens
« Cette année, on remarque particulièrement les évolutions liées au changement climatique comme le manque d’eau. Il faudrait installer un système d’irrigation mais c’est compliqué sur les côteaux. […] Avec la sécheresse, les vignes sont bloquées, elles végètent donc l’avance qu’on peut avoir avec la chaleur peut finalement se transformer en retard pour les vendanges. Je pense que j’ai déjà perdu une partie de la production. » Lire cet entretien
Noël Descombes, activité équestre et agricole, retraité, 70 ans, Mens
« On sent bien qu’il y a moins de précipitations, des températures de plus en plus chaudes, des sècheresses qui se répètent, le souci d’eau potable déjà et puis de l’eau tout simplement : pour les chevaux, pour la nature. C’est net et indiscutable. On ne peut pas l’ignorer. »
« Avant, l’eau de l’Ebron était propre jusqu’à début août. On ne sentait pas d’algues et ce n’était pas vert. Là, on est fin juin et il y a déjà de la pollution dans les ruisseaux. L’eau se réchauffe. Elle tourne vite et devient verte. » Lire cet entretien
Christophe Bonnet, service technique de Châtel-en-Trièves, Cordéac, 54 ans
« On a de moins en moins de pluies d’automne alors que c’est ce qui recharge beaucoup les sources. Au printemps, ça aide un peu aussi mais la nature prends beaucoup alors qu’en automne elle est endormie. J’ai remarqué que si on a de bonnes pluies en novembre et jusqu’au 15 décembre, ça remplit pas mal les sources. »
« J’espère que cette année va faire une bonne sensibilisation chez les gens, qu’elle va marquer les esprits. On n’est pas sortis de l’auberge. On est limite et c’est seulement le milieu de l’été. S’il ne pleut pas en août, je pense qu’en septembre on va manquer d’eau. » Lire cet entretien
Samuel Delus, vigneron, Prébois« Depuis 15 jours sur Prébois, il y a un peu plus de monde avec une colonie de vacances et on sait que le trop-plein du réservoir d’eau potable ne coule plus. […] On a des sources qui tarissent et là c’est tôt. D’habitude c’est plutôt en octobre. […] Et puis comme il neige moins, ça ne ramène pas d’eau non plus. » Lire cet entretien
Vincent Froment, service des eaux de Mens, Cornillon-en-Trièves
« A Mens, nos sources sont vraiment impactées par la quantité de neige sur les montagnes. […] Il y a des années où j’ai eu des débits sur ma source du Verdier que je n’ai jamais retrouvé : 1800L/min. Maintenant le grand maximum c’est 1400-1500L/min et en moyenne c’est 800L/min. »
« J’ai récupéré des relevés pluviométriques de 1900 à Saint-Baudille-et-Pipet et je les ai comparés avec ceux d’aujourd’hui. En moyenne, sur l’année la quantité de pluie est la même, autour de 800mm par an, mais aujourd’hui, ce n’est plus reparti pareil. C’est moins régulier. L’eau tombe lors de gros orages et ces pluies ne servent pas à grand-chose. Elles partent directement dans l’Ebron parce que tout est sec. Comme il y a moins de neige, la quantité d’eau totale a diminué. »
« En période de sécheresse, entre le captage et le village, il y a toute une partie du ruisseau qui est privée d’eau et qui meurt. » Lire cet entretien
Stéphane Horvath, maçon, 51 ans, Monestier du Percy
« Aujourd’hui, on est des fois obligés de prendre le fourgon pour aller chercher de l’eau parce que les bassins ne coulent plus. Il n’y a plus de sources, plus d’eau dans les ruisseaux, plus rien. On voit des crevasses dans la terre. […] Tout est plus compliqué. Le béton tire trop vite. Il faut arroser les dalles. Il n’y a plus d’eau, plus de pression dans les tuyaux. »
« J’ai une petite piscine pour les enfants. Les oiseaux viennent pour y boire. Ils ont le bec ouvert. Ils viennent même si tu es dans l’eau. D’habitude ils ne s’approchent pas comme ça. Les animaux sont perdus. Ils me regardaient comme s’ils me disaient : « fais quelque chose ». C’est impressionnant. Tu vois des renards boire en plein milieu de la journée dans la nature alors qu’avant tu ne voyais pas ça. »
« L’eau il faut y faire attention. A Monestier du Percy, on a eu un coup de fil de la part de la mairie pour expliquer que l’eau diminuait et que si ça continuait comme ça on avait plus d’eau dans 4-5 jours. » Lire cet entretien
Muriel Leguern, pisteuse, nivométéorologue à Gresse-en-Vercors
« Les réserves d’eau sont vraiment très basses. […] Comme on est limite, la mairie a dû expliquer que si on continuait comme ça on serait obligés de couper l’eau de 22h à 5h. Notre retenue colinéaire se remplit assez rapidement grâce à de nombreuses résurgences et avec l’eau de la Gresse. On ne peut pas remplir la retenue en ce moment parce que le débit de la Gresse est bien trop bas. »
« Je fais du VTT régulièrement et l’alpage est sec, tous les chemins aussi. Je n’ai jamais vu ça. Les vaches risquent de redescendre plus tôt. Elles ne manquent pas d’eau. Elles ont toujours des points pour boire mais elles n’ont plus d’herbe. C’est jaune. Il y a déjà eu de la sécheresse comme ça mais pas aussi tôt. » Lire cet entretien
Adaptations
Jérémy Bricka, vigneron, vignes sur les côteaux de Brion (Roissard) et cave à Mens
« Je me suis adapté en choisissant des porte-greffes résistants à la sécheresse pour un tiers de la surface du domaine. »
Noël Descombes, activité équestre et agricole, retraité, 70 ans, Mens
« On récupère l’eau du toit. On a un bassin de 5 m3. Quand il y a des orages ça nous remplit de nouveau le bassin. Les années normales ça nous fait 80% de l’eau mais cette année ça ne le fera pas. Le bassin va être vide et il y a très peu d’orages donc après ça finit avec l’eau de la commune. »
« On est obligés de couvrir notre bassin parce que si on le laisse au soleil, les chevaux ne boivent plus l’eau parce qu’elle devient verte. »
Christophe Bonnet, service technique de Châtel-en-Trièves, Cordéac, 54 ans
« Il faut que les communes montrent l’exemple donc on n’arrose plus et il n’y a plus de fontaines [alerte sécheresse]. Les fontaines ont un bouton poussoir pour que les cyclistes puissent prendre de l’eau mais que ça ne coule pas sans arrêt. »
« Il faut travailler autrement, arrêter de planter du gazon et prendre de l’herbe agricole. On sait qu’il y a tout ce qu’il faut dedans. Ça résiste aussi beaucoup mieux à la sécheresse et ça évite les arrosages. »
« A Châtel, tous nos réservoirs sont équipés de flotteurs ou de vannes altimétriques. Avant, le trop-plein partait dans les égouts. Je pars du principe que l’Homme prend ce dont il a besoin et le reste il le rend à la nature. Avec les flotteurs, on rend l’eau en trop au milieu naturel autour du captage. […] Il faut faire attention à la faune et à la flore. Les petites rivières font les grandes. On a besoin d’eau pour l’hydroélectricité. Le soir, tout le monde est content que ça s’allume chez soi. Dès la source, il faut économiser au maximum. »
« L’eau chaude des pâtes et des œufs durs je la vide sur les mauvaises herbes. Déjà ça tue la plante mais ça permet aussi à l’eau de rester sur la terre et de pas aller dans les égouts. »
« Les récupérateurs d’eau c’est bien aussi. Chez moi j’ai 2m3 et demi et un toit de 60m2. Je n’ai pas encore utilisé d’eau communale pour arroser mon jardin. »
Vincent Froment, service des eaux de Mens, Cornillon-en-Trièves
« La fermeture des fontaines permet de ne pas priver la nature d’une eau qui n’aura servi à rien. Si on ne le fait pas, on voit des truites qui sont sur le dos parce qu’il n’y a plus assez d’eau. Ça ne fait pas tout mais c’est une partie des gestes à appliquer. […] Si je vois des gens en train de laver leur voiture j’essaie de les sensibiliser en leur disant rappelant qu’on est en sécheresse. J’ai aussi mis des électrovannes pour éviter de tirer de l’eau la nuit quand cela ne sert à rien. »
« On est bouclé avec les communes de Saint-Jean-d’Hérans et Cornillon-en-Trièves. On est donc capables de leur renvoyer de l’eau. Il faudrait essayer de boucler [connecter les réseaux d’eau communaux entre eux] chaque commune au maximum pour qu’en cas de problème ou de sécheresse, la commune qui est en surplus puisse renvoyer de l’eau à la commune voisine en manque. »
Muriel Leguern, pisteuse, nivométéorologue à Gresse-en-Vercors
« J’arrose le jardin avec l’eau que je récupère en lavant les légumes ou avec la première eau de la douche. C’est impressionnant ce qu’on peut arroser avec ça. Ça fait à peu près 25L par jour. »
Observations
Jocelyne et Didier Peybernes Montoliou, maraîchers retraités, Clelles
« On n’a pratiquement jamais utilisé de serres. On avait seulement une serre de semis en bois bien solide pour éviter une angoisse perpétuelle avec la neige bien lourde alors que maintenant, les jeunes maraichers qui s’installent dans le Trièves ont tous des serres. […] Ils ont beau avoir des serres renforcées, s'ils avaient eu la neige qu'on avait à ce moment-là, elles n'auraient pas tenu. Il pouvait tomber 30cm fin-mai. […] Maintenant, les maraîchers ont plutôt l’angoisse du vent. Il a déjà aplati des serres dans le Trièves. Si on avait travaillé encore 10-15 ans on aurait dû évoluer. » Lire cet entretien
Noël Descombes, activité équestre et agricole, retraité, 70 ans, Mens
« On ramasse entre 15 jours et 3 semaines plus tôt pour essayer d’avoir du foin vert de qualité parce que quand il est toute jaune, il a perdu sa qualité et la graine. On se demande si ça va se renouveler tellement ça a poussé vite. On ne sait même pas si les graines sont porteuses ou reproductrices. Ça fait des tas de questions. On donne du foin au chevaux l’été pour compléter alors qu’avant on n’en donnait quasiment pas. Et évidemment on est obligés d’en avoir l’hiver. » Lire cet entretien
Samuel Delus, vigneron, Prébois
« Sur 10 ans, depuis que j’ai commencé les vignes ici, je ne remarque pas de décalage mais si on regarde sur 50 ans, mes grands-parents et d’autres anciens avaient des vignes et faisaient leurs vendanges en novembre, des fois sous la neige et les raisins étaient encore verts. Il y a clairement une différence. Aujourd’hui, mi-octobre, les précoces sont très mûrs et on a tout ramassé. On ne vendange pas sous la neige. »
« On est sur une année marquée par le changement climatique. C’est historique. On ne sait pas trop où on va. […] Je n’ai jamais vécu une saison aussi sèche. [...] Pour mes jeunes vignes c’est compliqué. On voit les traces des coups de chaud. C’est trop chaud, trop tôt. Mes jeunes vignes ont séché en haut, au niveau de l’apex [la pointe terminale], donc elles ne vont plus monter mais quelques pieds repartent par le bas. C’est l’espoir que j’ai pour éviter de tout replanter l’année prochaine. »
« Je croise les doigts pour que mes vielles vignes soient suffisamment implantées, pour que cela tienne si on a encore deux mois sans eau. […] On voit quelques marques de grillure sur le raisin à cause de la chaleur et elles ne sont pas aussi développées que d’habitude. Il faudrait que les grains grossissent et se resserrent »
« On craint plus sur la fin des gels tardifs, sur les Saints de Glace, de fin avril à mi- mai, parce que c’est là que la vigne a commencé à partir et qu’on risque d’avoir des températures négatives. Chaque année j’essaie de surveiller ce moment-là, de faire du feu si besoin. Cette année je n’en ai pas fait, on n’a pas gelé du tout. » Lire cet entretien
Adaptations
Jérémy Bricka, vigneron, vignes sur les côteaux de Brion (Roissard) et cave à Mens
« J’ai reculé la période de taille des vignes à cause des gels tardifs. J’aimerais utiliser du paillage naturel fait à partir d’engrais naturels. Je ne l’avais pas encore fait parce que ce n’est pas l’idéal pour des jeunes vignes car cela développe une concurrence. Je n’avais pas non plus la machine adaptée pour rouler le paillage. Je suis équipé depuis cette année. Pour m’adapter et éviter de souffrir des conséquences du changement climatique, j’ai aussi diversifié mon activité notamment avec la distillation. »
Observations
Christophe Bonnet, service technique de Châtel-en-Trièves, Cordéac, 54 ans
« Au niveau des arbres, j’ai remarqué qu’avant on ne voyait pas de frênes en montagne, à notre altitude si [celle du village] mais pas plus haut. Maintenant il y en a et ils poussent bien. Ça se boise de plus en plus haut. C’est peut-être parce qu’il y a moins de pâturages mais il y a des essences qui sont plus en altitude qu’avant. » Lire cet entretien
Observations
Vincent Froment, service eau de Mens, Cornillon-en-Trièves
« Quand j’étais gamin, dans les années 1980, pour aller à l’école on devait pousser le car pour qu’il démarre dans la neige. A un endroit, il n’y avait plus qu’une seule voie à cause des congères. C’était en circulation alternée. Les routes étaient enneigées tout l’hiver. On ne mettait pas de sel, c’était de la pouzzolane. Il y avait au moins trois mois de neige. Il faisait froid. Il y avait des hivers où pendant 15 jours il faisait -15°C. Quand je travaillais dans les travaux publics, on avait eu une semaine de -17°C à Cornillon. C’est arrivé même après les années 2000. Pour la neige, c’est à partir des années 1990 que ça a commencé à changer. Maintenant on a des fois -11°C dans la nuit. Il n’y a plus de froid. » Lire cet entretien
Jocelyne et Didier Peybernes Montoliou, maraîchers retraités, Clelles
« C’est l’hiver qu’on ressent le plus les évolutions du climat. C’est seulement récemment qu’il y a des étés plus chauds. Quand on est arrivés dans le Trièves, l’hiver durait plus longtemps et surtout il était plus stable. Il faisait -8°C, -10°C dès novembre et jusqu’en mars. Parfois, en février, on pouvait avoir jusqu’à -20°C. Il y avait un à deux mois de vraie neige qui ne partait pas. Maintenant, c’est beaucoup plus variable. […] Aujourd’hui il y a beaucoup de vent. Il n’y en avait absolument pas avant de novembre à mars. Il y avait des températures basses en hiver mais avec de grands ciels bleus. C’est plus perturbé aujourd’hui : beaucoup plus pluvieux, nuageux, gris... » Lire cet entretien
Stéphane Horvath, maçon, 51 ans, Monestier du Percy
« Quand je suis arrivé dans le Trièves, en 1998, une année il est tombé 88cm dans la nuit. Maintenant, ça blanchit un peu de temps en temps, ça fond, ça reneige, ça fond. Quand il neigeait au mois d’octobre, on ne revoyait pas la terre avant avril parce que ça gelait dur dessus et ça restait gelé. J’ai vu jusqu’à -20 en Trièves. Aujourd’hui ça n’existe plus. Quand j’ai commencé à travailler dans le Trièves, on avait un seul mois de vacances, en janvier, parce que c’était impraticable. Aujourd’hui on peut travailler quasiment toute l’année dehors. » Entretien Stéphane HorvathLire cet entretien
Muriel Leguern, pisteuse, nivométéorologue à Gresse-en-Vercors
« Maintenant, il y a de l’eau qui tombe même à 1700-1800m et toute la saison donc on a plus d’avalanches de fonte, de neige mouillée. Elles sont plus en altitude et plus tôt qu’avant. En décembre, on peut se prendre une avalanche de fonte. La neige est imbibée d’eau comme au mois de mars. La structure de la neige a changé. »
« Avant, on n’avait pas ce phénomène de sable du Sahara qui a complétement rougit les montagnes […]. Pour l’instant Météo France n’est pas capable de dire si cela a une influence sur les avalanches si ce n’est que ça fait un albedo plus important [pouvoir réfléchissant d’une surface]. Quand la neige est blanche, le soleil se reflète et cela n’a pas d’incidence mais si elle est teintée, ça absorbe l’énergie et ça fond plus vite. Le sable, il reste. J’en ai retrouvé sur des rochers en été. J’aurais pu remplir un petit pot avec. » Lire cet entretien
Sylvain Vizzutti, administrateur à la fédération départementale des chasseurs secteur Trièves-pays de la Gresse et président de l’association des chasseurs de Saint-Baudille-et-Pipet, 42 ans
"Quand on a une grosse chute de neige au mois de décembre et un coup de froid au mois de janvier, on se dit « oulala » alors que mes grands-parents nous parlent de période de neige de mi-novembre jusqu’à fin février. Je me rappelle gamin avoir fait du sac sur une plaque de neige de l’Obiou. Je ne le referais pas aujourd’hui parce cette plaque de neige n’existe plus." Lire cet entretien
Camille Donnat, élève de 4ème de la classe climat du collège Marcel Cuynat, Monestier de Clermont, 14 ans
« On a fait beaucoup de sorties à Gresse-en-Vercors parce que c’est là qu’on voyait le plus l’impact du changement climatique au niveau de la neige parce que c’est une station de moyenne montagne et ce sont les plus touchées. » Lire cet entretien
Noël Descombes, activité équestre et agricole, retraité, 70 ans, Mens
« Le changement dans les chutes de neige c’est énorme. J’ai vu des 80 centimètres et des hivers qui ont duré 3-4 mois dans le Trièves. Maintenant, si on a 20 centimètres, pour faire une sortie ski il faut faire vite. » Lire cet entretien
Gérard Leras, membre de Trièves Transition Ecologie, ancien éleveur-fromager et vice-président régional, Mens, 76 ans
« Par rapport à ce que j’ai connu, on a plus des chutes de neige aussi fortes. Quand il neige, il y en a moins. Les chutes de neige de 20-25cm c’était assez fréquent. J’ai le sentiment qu’elles arrivent de moins en moins. » Lire cet entretien
Capucine Morin, ancienne présidente du SIAT du Trièves, Le Percy, 67 ans
« Quand je me suis installée, dans les années 1980, on avait de la neige l’hiver mais surtout elle restait. Toutes ces dernières années, il neigeait mais derrière il y avait un coup de vent du Sud et ça partait et il pleuvait. » Lire cet entretien
Samuel Delus, vigneron, Prébois
« J’avais des photos de mon ex chien au moment où je m’installais dans les vignes. On avait 1 mètre de neige et je crois qu’on n’en a jamais revu autant. Quand je palissais les douces noires, je me souviens, qu’on plantait les piquets en hiver dans une bonne quantité de neige et depuis on n’en a pas eu beaucoup. » Lire cet entretien
Adaptations
Muriel Leguern, pisteuse, nivométéorologue à Gresse-en-Vercors
« Pour faire face au manque d’enneigement, on va essayer d’installer plus de barrières à neige. Ce sont des barrières en bois qui empêchent la neige de s’en aller loin sur les crêtes. On aimerait en mettre sur des endroits ventés pour bloquer la neige. Je trouve qu’il y a vraiment plus de vent qu’avant. »
Observations
Vincent Froment, service eau de Mens, Cornillon-en-Trièves
« Je trouve qu’il y a moins d’hirondelles. Il y a moins d’insectes dans les villages. C’est aussi peut-être parce qu’il y a moins de fermes dans les villages. » Lire cet entretien
Jocelyne et Didier Peybernes Montoliou, maraîchers retraités, Clelles
« Cela fait aussi une dizaine d’années qu’on entend les cigales quelques jours dans l’année, ici à 750 mètres d’altitude. Il y en avait déjà au bord de l’Ebron. C’est loin d’être assourdissant mais on n’en entendait jamais avant. Elles montent en altitude. »
« J’ai l’impression qu’il y a moins de papillons maintenant. Avant il y avait des centaines de papillons dans les champs. […] Sur les jointures de la serre on en voyait vraiment plein et maintenant on en trouve plutôt une dizaine ou une quinzaine mais pas beaucoup. Le flambé, un grand et très joli papillon ça fait 3 ans qu’on en a plus vu alors qu’on en voyait tous les ans. » Lire cet entretien
Stéphane Horvath, maçon, 51 ans, Monestier du Percy
« Il y a beaucoup d’araignées qu’on n’avait pas avant, qu’on ne trouvait que dans le Gard ou le Mercantour. Ma fille s’est fait piquer par une araignée il y a deux ans. […] Personne n’a su lui dire ce que c’était. Elle a envoyé les photos à un institut dans le Sud et ils en ont déduit que c’était une araignée violoniste qui n’est pas reconnue chez nous parce qu’il n’est pas censé faire assez chaud. […]. Aujourd’hui, ça remonte en altitude. Les insectes sont différents. On a des cigales aujourd’hui. Il y a une vingtaine d’année il n’y avait pas de cigales dans le Trièves. »
« J’ai un copain qui m’a dit il y a quelques années qu’il allait planter des oliviers. Je lui ai dit : « mais qu’est-ce que tu fais ? » et il m’a répondu qu’un jour on aurait des oliviers dans le Trièves. Il était vachement avant-gardiste et il connaissait bien la nature. Aujourd’hui ses oliviers font bientôt deux mètres et ils commencent à avoir des olives. C’est impressionnant la vitesse à laquelle ça va. » Lire cet entretien
Muriel Leguern, pisteuse, nivométéorologue, Gresse-en-Vercors
« Cette année, il y a un mois d’avance sur les sabots de vénus. J’envoie toujours des photos à mes amis. D’habitude c’est le 11 juin et là c’était le 15 mai. C’est pareil pour le lys martagon et là tout est fané. Je me repère pas mal avec les épilobes. Fin août, normalement on voit tout leur pollen blanc en l’air et là ils sont déjà morts. Il y a aussi un mois d’écart. Il n’y a plus de plantes. Tout est cuit. Pour les animaux, je pense que c’est bien compliqué. » Lire cet entretien
Noël Descombes, activité équestre et agricole, retraité, 70 ans, Mens
« On a eu ces dernières années des invasions comme la pyrale du buis qu’on n’avait jamais eu avant. On se demande pourquoi elle est arrivée. C’est sûrement lié à la température. On a un beau cerisier. Cette année, on a pu en récupérer quand même pas mal mais ça a fini avec la mouche du cerisier. […] Ça doit faire la deuxième ou troisième année qu’on voit ça. Avant on n’en avait pas. Dans le midi, ils en avaient déjà. » Lire cet entretien
Sylvain Vizzutti, administrateur à la fédération départementale des chasseurs secteur Trièves-pays de la Gresse et président de l’association des chasseurs de Saint-Baudille-et-Pipet, 42 ans
« On s’aperçoit que les hivers sont plus doux et que les pertes hivernales sur certains gibiers qui sont habituellement touchés par la rigueur de l’hiver sont moins importantes. C’est le cas notamment du sanglier. On sait que la température est un élément essentiel à la survie du marcassin dans les premiers jours et les premières semaines de vie. Pendant très longtemps, ça a été un élément de sélection naturelle qui a limité le nombre de marcassins dans une portée. Quand cet élément disparaît, les portées sont plus prolifiques et on se retrouve avec beaucoup plus d’animaux sur le territoire. » Lire cet entretien
Capucine Morin, porteuse de l’Agenda 21 en Trièves, Le Percy, 67 ans
« On est envahi par le panais urticant depuis une dizaine d’années. Il n’y en avait pas quand j’étais petite. C’est une plante que je ne connaissais pas. »
« Le colchique est toujours dans les prés mais il arrive plus tôt. Quand j’étais môme, il arrivait à la rentrée, vers le 10-15 septembre. Aujourd’hui on l’a fin août. » Lire cet entretien
Christophe Bonnet, service technique de Châtel-en-Trièves, Cordéac, 54 ans
« Il y a des endroits où il y en a de moins en moins d’insectes et d’abeilles. Ça va devenir un souci. C’est vrai qu’ils souffrent. » Lire cet entretien
Adaptations
Sylvain Vizzutti, administrateur à la fédération départementale des chasseurs secteur Trièves-pays de la Gresse et président de l’association des chasseurs de Saint-Baudille-et-Pipet, 42 ans
« Pour l’instant, le changement climatique favorise certaines espèces. […] Aujourd’hui les chasseurs sont obligés de mieux s’organiser pour être plus efficaces. On est de plus en plus attendus. Il y a une attente de résultat maintenant. C’est de moins en moins un loisir et de plus en plus professionnel, organisé, avec des consignes de sécurité. »
Christophe Bonnet, service technique de Châtel-en-Trièves, Cordéac, 54 ans
« J’essaie de mettre des plantes mellifères dans les massifs de la commune. Chez moi, j’ai fait un hôtel à insectes et j’essaie d’avoir une floraison sur toute l’année pour les abeilles sauvages. : ça va du buis, au noisetier, aux roses de Noël. Il faut aussi planter des haies mais pas des cyprès. Il faut planter des essences du coin. Il faut laisser les fleurs fanées et ne pas tout couper. Il y a beaucoup d’insectes qui passent l’hiver là-dedans. Il faut les enlever au printemps une fois qu’ils sont sortis d’hibernation. »
« Depuis le 1er janvier [2022], on éteint les lampes de minuit à 5h du matin. Rien que ça pour les insectes c’est bien. »
Observations
Stéphane Horvath, maçon, 51 ans, Monestier du Percy
« La végétation ne comprend plus rien. Quand tu fais un potager, il y a tout qui crève. C’est tout petit, ça se couche. Ça ne supporte pas la chaleur. Il y a des choses qu’on ne peut plus faire : les poireaux, par exemple, il leur faut assez de frais la nuit. Les salades elles montent. » Lire cet entretien
Capucine Morin, ancienne présidente du SIAT du Trièves, Le Percy, 67 ans
« J’ai toujours fait un potager. En 2003, j’ai eu une récolte de tomates que je n’avais jamais eu de ma vie. Elles étaient bien mûres alors qu’avant elles étaient souvent vertes. Mon frère, qui était agriculteur, m’avait dit : « Tu ne verras plus jamais ça. » mais ce n’est pas vrai. Depuis, je peux faire des tomates. Elles ne sont plus vertes. Je les ramasse aussi plus tôt qu’avant. »
« Avant, on se fiait beaucoup aux Saints de Glace et il n’y a pas si longtemps on a gelé bien après le 13 mai et plusieurs jours. On a des gelées plus tardives. » Lire cet entretien
Christophe Bonnet, service technique de Châtel-en-Trièves, Cordéac, 54 ans
« J’ai toujours fait un jardin. On ne peut pas semer quand la terre n’est pas chaude et, avant, fin avril - début mai, on pouvait semer ici. Maintenant on est plus vers fin mai - début juin mais on a une très belle arrière-saison. Ce n’était pas rare d’avoir un coup de gel avant le 15 septembre. » Lire cet entretien
Stéphane Horvath, maçon, 51 ans, Monestier du Percy
« Jusqu’à maintenant tout le monde était plein de bonne volonté mais personne ne faisait attention à rien. Maintenant que c’est physique, les gens vont peut-être faire un peu plus attention. […] Le changement climatique ça me désole. Tu vois des pays où il fait sec, où il n’y a rien qui pousse. Nous on a tout et on est en train de tout massacrer. » Lire cet entretien
Muriel Leguern, pisteuse, nivométéorologue à Gresse-en-Vercors
« Je n’ai aucune idée de combien de temps la station pourra rester ouverte. On bataille pour. On n’a jamais fermé complétement. On a réussi à tenir sur des langues de neige mais est-ce que ça fait rêver de skier sur trois langues de neige avec de l’herbe à côté ? On a un télésiège qui a 60 ans. Ça coûte cher à entretenir, la neige de culture aussi. On pousse nos machines au maximum pour économiser. »
« Il y a une quantité d’artisans incroyable dans le Trièves. Je crois qu’on a déjà tout ce qu’il faut. Il faut faire marcher le tourisme avec des activités comme la poterie, les visites de fermes… […] J’ai mis du temps à avoir cette vision-là. Il y a 10 ans, si on m’avait proposé une tyrolienne géante qui partait du Baconnet et qui arrivait jusqu’en bas j’aurais sûrement dit « génial » mais aujourd’hui ça ne me fait plus rêver. Les gens apprécient tout autant quand je leur conseille d’aller observer les marmottes au Serpaton. » Lire cet entretien
Christophe Bonnet, service technique de Châtel-en-Trièves, Cordéac, 54 ans
« J’espère que les années passent et ne se ressemblent pas. Il faut apprendre à économiser l’eau comme toutes les sources d’énergie. Je pars du principe où même les années où il pleut, où on a de l’eau, ce n’est pas la peine de gaspiller la ressource, il faut l’économiser. A partir du moment où l’eau vient chez nous on la salit, autant qu’elle reste en montagne. » Lire cet entretien
Camille Donnat, élève de 4ème de la classe climat du collège Marcel Cuynat, Monestier de Clermont, 14 ans
« Avant cette année j’étais conscient du changement climatique mais je pense que je fais plus d’efforts actuellement que l’année dernière grâce à ce projet [la classe climat]. Ça m’a impacté dans le bon sens pour essayer de faire d’autres efforts contre le changement climatique. »
« Le changement climatique ça me fait un peu flipper pour les années à venir et les générations futures : pour mes enfants et mes petits-enfants, qu’ils aient des problèmes avec ça. C’est aussi triste les espèces animales qui disparaissent. Ça impacte beaucoup la planète quand même… » Lire cet entretien
Noël Descombes, activité équestre et agricole, retraité, 70 ans, Mens
« On ne sait jamais comment cela va se passer dans les 6 mois qui viennent. C’est très difficile à gérer. Quand je pense « où est-ce que je vais devoir mettre les chevaux demain ? » parce que là il n’y a plus d’herbe et là non plus, c’est pesant. On a fait du foin mais si on le mange tout maintenant [en été] on en aura plus cet hiver. »
« Les générations passées elles savaient tout faire. Nous on en a déjà perdu 60% et encore une génération je ne sais pas ce qu’il va rester. Il faut apprendre à vivre en autonomie et tous ceux qui peuvent le faire c’est autant moins de consommations, de déplacements. » Lire cet entretien
Sylvain Vizzutti, administrateur à la fédération départementale des chasseurs secteur Trièves-pays de la Gresse et président de l’association des chasseurs de Saint-Baudille-et-Pipet, 42 ans
« En tant que chasseur, on a toujours eu une cette vision de la relation de l’Homme à son territoire : la forêt et les animaux qui l’entoure. Que ce soit moi ou l’ensemble des chasseurs, on est forcément impactés, acteurs et victimes de ce changement climatique. »
« Qu’est-ce que je vais laisser à mes enfants ? Comment mes enfants vont gérer cette zone [le Trièves] qui nous tient plus qu’à cœur ? J’aime le Trièves et ma commune viscéralement. Si j’ai fait le choix de revenir dans le Trièves c’est pour habiter chez moi et pas une autre commune du Trièves. Mes parents, mes grands-parents m’ont laissé un certain patrimoine : qu’est-ce que moi je vais laisser comme patrimoine à mes enfants ? Est-ce que mes enfants pourront voir les prairies verdoyantes, les grandes forêts de sapin ? Est-ce qu’ils verront des cerfs et des tétras lyres ? Est-ce qu’ils verront des marmottes ou alors du chêne vert et de la garrigue ? » Lire cet entretien
Gérard Leras, membre de Trièves Transition Ecologie, ancien éleveur-fromager et vice-président régional, Mens, 76 ans
« Personnellement, je ne fais pas assez d’efforts. Il n’y a pas de super-héros. J’ai mes habitudes y compris mes mauvaises habitudes, mes conforts. […] J’ai eu quelques problèmes pour marcher et ça me sert de prétexte pour prendre un peu trop ma voiture. » Lire cet entretien
Capucine Morin, ancienne présidente du SIAT du Trièves, Le Percy, 67 ans
« Je déteste quand on culpabilise les gens sur leurs mauvaises habitudes. Le problème n’est pas là. Chaque petit geste est important mais il faut agir à échelle mondiale ou nationale. Je me demande ce que les petits vont vivre. J’avoue que je suis inquiète. » Lire cet entretien
Inouk, 16 ans, témoignage recueilli dans le cadre du Festistreet à Mens
« J’étais sensé faire une semaine de vélo et j’ai dû annuler à cause de la chaleur. C’est moins agréable de skier. La neige est plus artificielle. Je vois surtout l’impact en montagne. J’ai arrêté de manger de la viande mais c’est difficile de convaincre mon père même s’il est conscient des choses. J’aimerais agir plus mais je ne sais pas comment faire car c’est imprévisible. Ça me frustre beaucoup car je ne peux pas tout faire tout seul. Je me sens impuissant. Je pense que je fais de l’éco anxiété. »
Prune, 17 ans, témoignage recueilli dans le cadre du Festistreet à Mens
« On ne sait plus où partir en vacances car tout est sec en France. »
Loumïa et Athéna, 16 ans, témoignage recueilli dans le cadre du Festistreet à Mens
« C’est pas très agréable de marcher pieds nus dans l’herbe sèche de mon jardin. Habituellement ça reste vert. »
Vilki, 16 ans, témoignage recueilli dans le cadre du Festistreet à Mens
« J’adore faire des soirées dehors mais le changement climatique a un impact sur la météo et ce sera sûrement de plus en plus compliqué. »
Lola, 16 ans, témoignage recueilli dans le cadre du Festistreet à Mens
« Moi je me dis « profite ».
Adaptations
Vincent Froment, service eau de Mens, Cornillon-en-Trièves
« Je ne mets jamais de produits phytos mais du fumier dans mon jardin. Je fais attention à ce que j’achète. Je prends aux petits producteurs ou des produits français en grande surfaces. Je n’achète pas ma viande au supermarché mais à un petit boucher. Je ne mange pas des fraises quand ce n’est pas la période des fraises. Je trouve ça aberrant de vouloir manger tout n’importe quand. Je suis conscient des choses, je fais des efforts mais je ne suis pas parfait. Je ne suis pas un super bon trieur. »
« Pour la commune, je fais un gros tas de compost avec tous les roseaux de la station d’épuration, les feuilles qu’on aspire dans le village et le gazon du terrain de foot que je brasse avec le tractopelle. On s’en sert pour les plantations de la commune. On en donne aussi aux gens qui en veulent. »
Jocelyne et Didier Peybernes Montoliou, maraîchers retraités, Clelles
« Les gens ne percutent pas car ils ne savent pas réellement ce que cela peut produire. S’il y a des cultures qu’on ne peut plus faire pousser à certains endroits ou si elles sont détruites par des catastrophes naturelles, ce ne sera pas seulement une question de confort de vie mais de survie et d’alimentation. Il y a un tel décalage entre le vivant, son fonctionnement, les saisons et notre quotidien que les gens ne font plus le lien entre les deux et achète tout n’importe quand : des courgettes au mois de janvier par exemple. »
Camille Donnat, élève de 4ème de la classe climat du collège Marcel Cuynat, Monestier de Clermont, 14 ans
« A la maison, on s’est mis à mieux faire le compost. On triait déjà nos déchets. Mais c’est vrai que des fois je passais dans la rue et je jetais mon chewing-gum par là et je me disais « c’est pas grave, ça va pas tout changer » et c’est fini ça maintenant. J’attends de trouver une poubelle. Un chewing-gum ça met 5 ans avant de disparaître dans la nature. »
Tyffaine, 17 ans, témoignage recueilli dans le cadre du Festistreet à Mens
« J’ai une famille de skieurs. C’est beaucoup moins agréable de skier avec la neige artificielle et les plaques d’herbe. Je pense que je vais continuer à skier parce que j’adore ça même si je me rends compte que ça a un impact. Il y a des loisirs simples comme la course à pied qui vont être de plus en plus compliqués avec la chaleur. C’est triste. On va perdre des choses à cause de nos modes de vie. »
Léa, 18 ans, témoignage recueilli dans le cadre du Festistreet à Mens
« Je cours et je fais attention aux vêtements de sport que j’achète. Je me contente de ce que j’ai et j’évite certaines marques comme Nike. J’achète aussi sur Vinted et en friperie. Avec la chaleur, je dois parfois me lever tôt, vers 5h du matin pour aller courir. »
Zélie, 18 ans, témoignage recueilli dans le cadre du Festistreet à Mens
« J’adore aller en Bretagne. J’aurais du mal à ne plus y aller. J’y vais en transport en commun, en Flixbus. Si je prends l’avion pour aller plus loin, je resterai longtemps sur place pour compenser. Je pense qu’il y aura de moins en moins de loisirs liés à la neige. »
Lucille, 17 ans, témoignage recueilli dans le cadre du Festistreet à Mens
« Je fais moins de trucs « à touristes » comme les parcs aquatiques. Ça consomme beaucoup d’eau. On peut prendre le train mais il faut les moyens. »
Romane, 18 ans, témoignage recueilli dans le cadre du Festistreet à Mens
« Je mange beaucoup moins de viande et je privilégie le train et le bus à la voiture. »
Mathieu et Claire, 43 et 38 ans, témoignage recueilli dans le cadre du Festistreet à Mens
« On a choisi de ne plus prendre l’avion, de partir moins loin ou en train et de participer aux activités locales sur place. »
Observations
Vincent Froment, service eau de Mens, Cornillon-en-Trièves
« J’ai l’impression qu’il y a beaucoup plus de vent qu’avant. Il assèche la végétation. Il fait plus chaud et plus tôt dans l’année. En hiver, il fait plus doux mais on peut chauffer d’octobre à juin. Le temps est bizarre : on a plus de vrai printemps. Cette année, en mai-juin, on était comme en plein mois d’août. L’année dernière il n’y a pas vraiment eu de gros été. » Lire cet entretien
Stéphane Horvath, maçon, 51 ans, Monestier du Percy
« La chaleur parle d’elle-même. […] On passe les 42-45°C en plein soleil. C’est de plus en plus dur physiquement. En fin de saison, quand tu rentres le soir, tu es ruiné. Ça te tue. […] C’est la première année que j’ai dû mettre un ventilateur la nuit pendant 15 jours pour pouvoir m’endormir. On ne connaissait pas ça dans le Trièves avant. »
« Le vent c’est affreux. J’en discutait avec les anciens et ils me disaient qu’avant dans le Trièves, il y a une trentaine d’années, il n’y avait pas de vent. Ça s’est vachement pénible. Ça finit de faire sécher et crever toutes les plantes avec la chaleur. On se croit bientôt dans le Gard : le 15 juin c’était déjà tout sec comme dans le midi. Avant, le Trièves était quand même reconnu pour une espèce de micro climat où il faisait chaud l’été mais il y avait une douceur au printemps et l’hiver était agréable. Aujourd’hui, on dirait qu’il n’y a plus que deux saisons : on passe de la doudoune à la canicule et vice versa. Le corps n'a pas le temps de s’adapter. »
« Les premières années où j’étais là, je me rappelle qu’on avait eu 29 jours de pluie en octobre. Je n’ai jamais revu ça. Il n’y a plus de pluie à l’automne, au printemps… Entre septembre et octobre, un mois/un mois et demi de pluie, c’était courant avant. » Lire cet entretien
Gérard Leras, membre de Trièves Transition Ecologie, ancien éleveur-fromager et vice-président régional, 76 ans
« Les évolutions climatiques les plus fortes que j’ai observé c’est notamment la violence des évènements. Ce qui se passe est de plus en plus marqué et violent. »
« Ce que je sens le plus c’est la sécheresse et la canicule l’été. […] L’élévation des températures qu’il y a partout, en France, sur les Alpes, je trouve qu’on la sent particulièrement ici. On se retrouve dans des situations qu’on n’avait pas avant. […] Ce dont je suis sûr c’est que des chaleurs aussi suffocantes qu’on a dernièrement, je n’ai pas le souvenir que j’en avais souffert l’été auparavant. » Lire cet entretien
Capucine Morin, ancienne présidente du SIAT du Trièves, Le Percy, 67 ans
« J’ai toujours fait attention aux températures. Je me rappelle très bien, il y a quelques années, quand on a dépassé les 30 pour la première fois. J’étais déjà surprise et aujourd’hui on est à 38 ! Ce qu’on a cette année, on ne l’a jamais eu avant. »
« J’ai le souvenir que je disais : « Chez nous, il fait beau et on est tranquilles du 14 juillet au 15 août. » et à partir du 15 août, il y avait les orages. Maintenant, il y a des orages tout le temps, même en hiver, et on va finir par être bien toute l’année. » Lire cet entretien
Christophe Bonnet, service technique de Châtel-en-Trièves, Cordéac, 54 ans
« Je pense que par rapport à avant on a un printemps plus froid. On a moins de neige et par rapport au climat, ça s’est décalé d’un bon mois. On a des fois une période de beau et chaud en mars et puis, en avril, la température baisse. Maintenant quand on a du froid en novembre c’est déjà bien. Je trouve que les températures ne sont jamais stables. On n’avait pas -5°C avec de la neige et le lendemain 10°C avec de la pluie. Ça a bien changé sur 20 ans. » Lire cet entretien
Samuel Delus, vigneron, Prébois
« C’est vrai qu’il y a quelques années on ne passait pas une soirée d’été en t-shirt dehors et aujourd’hui on peut donc on sent qu’il y a une tendance au réchauffement. »
« Avec le changement climatique, il y a aussi une tendance aux événements extrêmes comme la grêle. J’en ai eu en 2018 et heureusement ça n’a duré qu’une minute. Ça c’est problématique. » Lire cet entretien
Adaptations
Stéphane Horvath, maçon, 51 ans, Monestier du Percy
« Pour s’adapter, si on veut, on peut commencer une heure plus tôt le matin mais ça ne change pas grand-chose et si tu commences à 4h du matin, le soir tu es foutu. A mon âge je n’ai plus envie. Les jeunes essaient un peu de le faire. […] Il y a des produits qu’ils utilisaient avant dans le Sud et qu’on utilise maintenant chez nous. Niveau isolation, on isole presque plus de maison pour le chaud que pour le froid maintenant. »